Film : Los delincuentes

6 €
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Los delincuentes,

Rodrigo Moreno, 2023, 3h 10min

Comédie/Thriller

En résumé :

Román et Morán, deux modestes employés de banque de Buenos Aires, sont piégés par la routine. Morán met en oeuvre un projet fou : voler au coffre une somme équivalente à leurs vies de salaires. Désormais délinquants, leurs destins sont liés. Au gré de leur cavale et des rencontres, chacun à sa manière emprunte une voie nouvelle vers la liberté.

 

En détail :

"Le film dure trois heures, moins qu’une certaine finale de football", s’amuse le réalisateur Rodrigo Moreno avant de lancer son film Los Delincuentes, un « feel good movie », un film qui fait du bien, légèrement amoral.

Le réalisateur savoure son plaisir. Le film lui a pris cinq ans. Los Delincuentes est un conte moderne sur la liberté. Quel est le prix à payer ? Trois ans et demi, selon Román qui a eu l’idée de voler sa propre banque, à Buenos Aires. Une somme équivalente à leurs vies de salaires. C’était ça ou travailler pendant 25 ans chez le même employeur, occuper le même poste, répéter les mêmes gestes, jusqu’au bout de l’ennui. Or Román est usé par la monotonie. Román a des rêves qui n’ont aucun lien avec sa profession.

Pour mener à bien son plan, Román a besoin de Morán, un collègue foncièrement honnête. Entre séduction et intimidation, Morán cède. Désormais, ils sont liés. Que faire de l’argent ? Morán, interprété par un Esteban Bigliardi inspiré, développe une répulsion physique : il ne peut pas laisser les liasses de billets chez lui. Il en devient malade.

Un remake du Crime et châtiment ? Rodrigo Moreno préfère ouvrir d’autres horizons, explorer d’autres contrées. Ses personnages découvrent, presque malgré eux, la liberté. Ils cheminent, chacun de son côté, vers des rivages inconnus. Tous deux, maladroits, découvrent l’amour, le vrai. Ils avancent en terre inconnue, en laissant derrière eux une vie réglée comme un métronome.

Il est des prisons dépourvues de murs et de barreaux. Tout comme il y a des geôles qui ressemblent à des salles d’attente, en route pour une vie meilleure.

Le réalisateur argentin questionne le déterminisme social et les prisons mentales. Et si le bonheur se trouvait en montagne, loin de la ville ? Et si l’injonction à posséder, humains et biens, n’était qu’illusion ? Qui sont réellement les délinquants ?

Rodrigo Moreno démontre, si besoin est, que le cinéma sud-américain est en plein renouveau, plus vivant que jamais. Los Delincuentes, un film résolument optimiste et enjoué. Ces dernières années  nous viennent de très grands films d’Argentine, amples, complexes, beaux, plein d’images inédites, de personnages nouveaux, de motifs étranges. C’est un faux film de braquage. Un film long, trois heures, format auquel nous habituent désormais les gros blockbusters américains, et qu’on découvre là dans un régime autre, un rythme singulier, maîtrisé, une longueur comme idéale.

Il y avait eu en 2019 un objet fort étonnant, La Flor, signé Mariano Llinas, roman cinématographique en quatre chapitres (814 minutes en tout), un film hybride puisant dans tous les genres - la romance, l’espionnage, la comédie musicale, et joué par une poignée d’acteurs et actrices dont l’une fait d’ailleurs le trait d’union avec Los Delincuentes dans lequel elle interprète une enquêtrice envoyée à la banque par une compagnie d’assurance. Laura Paredes jouait aussi le personnage principal de Trenque Lauquen (diffusé à Tarbes ne Tango 2023), autre film argentin sorti l’année dernière, signé Laura Citarella, un peu plus de deux heures, l’histoire de la disparition d’une jeune femme et des deux hommes qui la cherchent. Tous ces films sont les signes éclatants de la vigueur du cinéma argentin.

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