Film : L’ANGE

6 €
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L’ANGE de Luis Ortega, 2 h, 2019

Avec Lorenzo Ferro, Chino Darín, Daniel Fanego

Biopic et drame 

Nationalités Argentin, Espagnol

 

 

Buenos Aires, 1971. Carlitos a 17 ans, des boucles blondes de mannequin pour Petit bateau et une bouche de griotte humide, aussi attractive que répulsive, qui s’ouvre sur un sourire auquel personne ne résiste. Ce qu’il veut il l’obtient. Au lycée, sa route croise celle de Ramon. Ensemble, ils forment un duo trouble au charme vénéneux. Ils s’engagent sur un chemin fait de vols, de mensonges où tuer devient bientôt une façon de s’exprimer... 

 

En fait, ce film est un biopic inspiré de l’histoire de Carlos Eduardo Robledo Puch, l’un des plus grands tueurs en série de l’histoire de l’Argentine, né en 1952, surnommé « L’Ange de la Mort » par la presse et condamné en 1972 à la réclusion à perpétuité (pour, entre autres, dix-sept cambriolages et onze meurtres. Il est à ce jour le plus ancien prisonnier argentin.), le film de Luis Ortega prend à contre-pied la noirceur de son sujet. En l’enveloppant d’une humeur joyeuse, en l’élevant vers l’éclat de la pureté enfantine, il en fait un objet solaire, plein d’éclats – humoristiques, artistiques, scénaristiques. L’Ange a certes parfois un regard de démon, il n’en est pas moins un gamin qui agit sans notion du bien et du mal, avec la légèreté d’une innocence dont le cinéaste nous laisse croire qu’elle le définit tout entier. En la personne du jeune acteur Lorenzo Ferro, Luis Ortega lui a trouvé un double étonnant. L’incarnation de l’amoralité la plus juvénile, et la plus totale.  

 

Pour décrire cette figure quasi allégorique – et le duo qu’il forme avec Ramon –, le cinéaste argentin convoque le western, les films de gangsters, la comédie, Pierrot le fou (Jean-Luc Godard), Bonnie et Clyde (Arthur Penn), avec l’esprit joyeux et le cœur léger. L’Ange s’éclaire du travail éblouissant de l’opérateur Julian Apezteguia mais aussi de l’interprétation des acteurs dont aucun rôle, fut-il secondaire, n’est délaissé. Bien au contraire, c’est toute une troupe que met en scène ce quatrième long-métrage de Luis Ortega, sélectionné à Un certain regard (Cannes 2017), avec des gueules, des allures et des répliques qu’on n’oublie pas.

 

Les meurtres, d’une violence expéditive digne de Scorsese, semblent suspendus dans une ambiance douce, cotonneuse, de barbapapa. Subtilement, le film dessine, aussi, une homosexualité latente, jamais assouvie, et qui restera trouble, dans un contexte et une époque où, comme le dit un militaire, la violence ne peut avoir qu’un visage patibulaire et viril.

 

La séquence inaugurale montre ce fils à maman pénétrant avec insouciance dans une villa qui n’est pas la sienne. Dans le grand salon, à la décoration d’un luxe très kitsch, il se comporte pourtant comme chez lui, allumant la chaîne hifi et entamant une chorégraphie disco délicieusement efféminée. Le monde est à lui.

 

Au lycée, Carlitos rencontre Ramon, dont le père, caïd, organise des cambriolages. Immédiatement adopté par ce gang familial, l’ange va se révéler un tueur sans merci, même s’il adore que sa mère lui prépare du poulet pané avec de la purée. Le bien et le mal ? Connais pas… Lorsqu’il se retrouve confronté, lors d’un casse, à deux hommes, pourtant endormis, il vide son chargeur sur eux, le regard vide, comme si son arme n’était qu’une manette de jeu vidéo. Son jeune complice, pourtant choqué, ne trouve rien à rétorquer quand Carlitos semble certain qu’ils « vont se réveiller »…

 

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=258663.html

https://www.telerama.fr/cinema/films/el-angel,n5603316.php

https://www.avoir-alire.com/l-ange-la-critique-du-film

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